Note d'intention

« On ne sera jamais Alceste » d'après Molière et la comédie classique de Louis Jouvet Adaptation et mise en scène Lisa Guez Du 24 mars au 8 mai 2022, au Studio-Théâtre.

PAR LISA GUEZ ET ALEXANDRE TRAN, ADAPTATION

Louis Jouvet considérait le théâtre comme « chose spirituelle », comme «un culte de l’esprit et des esprits ». Les cours qu’il a donnés au Conservatoire de Paris de 1939 à 1940 et dont une partie importante est publiée chez Gallimard dans Molière et la comédie classique étaient voués à transmettre un métier, une foi.

Dans ses cours, il s’efforce avec une attention ardente et tendre de donner à de jeunes acteurs les clés pour retrouver le souffle que l’auteur a consigné dans le texte.

Lisa Guez et Alexandre Tran

Ces cours ont, par la suite, nourri et éclairé des générations d’acteurs et de metteurs en scène après lui.
Jouvet, dans sa carrière, n’a jamais joué Alceste. Il place ce personnage au plus haut dans son panthéon théâtral. Dans le premier chapitre de Molière et la comédie classique, deux élèves travaillent la première scène du Misanthrope. Ils ont l’orgueil de vouloir la jouer tout de suite, mettant trop d’intentions, précipitant leur diction. En six leçons, le professeur fait cheminer ses élèves vers une déconstruction de leurs préjugés sur le jeu, il les aide à appréhender les principes fondamentaux du théâtre. Sa parole se déploie, parfois avec humour, parfois avec fureur.

À travers la parole de Louis Jouvet, c’est cette exigence infinie du théâtre que nous tentons de mettre en scène dans cette adaptation des cours. Nous l’avons construite comme le fil tendu d’un seul cours, ou plutôt d’une quête, la quête de trois acteurs qui cherchent inlassablement le sens et l’écho du texte de Molière. Nous avons sélectionné ce qui nous paraissait le plus sensible dans la parole de Jouvet – sa vision de l’acteur, sa façon d’interroger l’âme humaine et sa verticalité vers l’absolu à travers le personnage de Molière.
Au sein de la Troupe, nous avons choisi trois comédiens accomplis, au sommet de leur carrière, Michel Vuillermoz,
Gilles David et Didier Sandre. Trois acteurs qui ont eux-mêmes été professeurs et metteurs en scène. Nous leur avons demandé de travailler la fragilité des élèves – de retrouver cet état d’innocence du jeu qui tâtonne ou s’emporte. Nous avions au départ le désir de voir comment le jeu de comédiens expérimentés peut se déconstruire et se reconstruire sur scène, travailler sur le décalage burlesque et poétique de faire éprouver à ceux qui sont aujourd’hui professeurs le fait d’être des élèves.
Ils nous ont eux-mêmes confié que l’acteur est toujours en apprentissage, que c’est un état permanent pour un acteur de se trouver novice face à un nouveau rôle à travailler.
On ne sera jamais Alceste, on ne sera jamais Jouvet ; on s’efforce de servir au mieux en tant qu’acteurs l’idée qu’on se fait de ces grands héros, et surtout de porter leur parole. Sur scène se succéderont donc trois Alceste, trois Philinte, trois Louis Jouvet. La parole tourne. Jouvet se confond parfois avec l’humeur du personnage d’Alceste, personnage qui comme lui ne supporte plus les compromis.
Nous avons souhaité écrire cette adaptation en collaboration avec les intuitions et les désirs des acteurs, dans un dialogue permanent sur ce que chacun avait à cœur de défendre dans la parole de Louis Jouvet.
Qu’est-ce qui nous réunit, qu’est-ce qui est transmis ?
Qu’est-ce qui passe encore et nous parle de Molière, de Jouvet...?
Ensemble, nous, jeunes auteurs et metteurs en scène, et eux, acteurs accomplis ayant traversé une génération d’histoire du théâtre, nous reprenons les paroles du maître pour chercher à faire entendre aux spectateurs – qui seront pris à parti comme de nouveaux apprentis comédiens, comme dans une salle de cours – ce qui traverse le temps dans cette quête insomnie du personnage, et d’un métier, d’une vocation, celle d’être acteur.

On ne sera jamais Alceste, Alceste est un personnage qui existe avant nous et qui existera après nous.

Louis Jouvet

À travers la parole de Louis Jouvet, c’est cette exigence infinie du théâtre que nous tentons de mettre en scène dans cette adaptation des cours. Nous l’avons construite comme le fil tendu d’un seul cours, ou plutôt d’une quête, la quête de trois acteurs qui cherchent inlassablement le sens et l’écho du texte de Molière. Nous avons sélectionné ce qui nous paraissait le plus sensible dans la parole de Jouvet – sa vision de l’acteur, sa façon d’interroger l’âme humaine et sa verticalité vers l’absolu à travers le personnage de Molière.
Au sein de la Troupe, nous avons choisi trois comédiens accomplis, au sommet de leur carrière, Michel Vuillermoz,
Gilles David et Didier Sandre. Trois acteurs qui ont eux-mêmes été professeurs et metteurs en scène. Nous leur avons demandé de travailler la fragilité des élèves – de retrouver cet état d’innocence du jeu qui tâtonne ou s’emporte.

Nous avions au départ le désir de voir comment le jeu de comédiens expérimentés peut se déconstruire et se reconstruire sur scène, travailler sur le décalage burlesque et poétique de faire éprouver à ceux qui sont aujourd’hui professeurs le fait d’être des élèves.

Lisa Guez et Alexandre Tran

Ils nous ont eux-mêmes confié que l’acteur est toujours en apprentissage, que c’est un état permanent pour un acteur de se trouver novice face à un nouveau rôle à travailler.
On ne sera jamais Alceste, on ne sera jamais Jouvet ; on s’efforce de servir au mieux en tant qu’acteurs l’idée qu’on se fait de ces grands héros, et surtout de porter leur parole. Sur scène se succéderont donc trois Alceste, trois Philinte, trois Louis Jouvet. La parole tourne. Jouvet se confond parfois avec l’humeur du personnage d’Alceste, personnage qui comme lui ne supporte plus les compromis.
Nous avons souhaité écrire cette adaptation en collaboration avec les intuitions et les désirs des acteurs, dans un dialogue permanent sur ce que chacun avait à cœur de défendre dans la parole de Louis Jouvet.
Qu’est-ce qui nous réunit, qu’est-ce qui est transmis ?
Qu’est-ce qui passe encore et nous parle de Molière, de Jouvet...?
Ensemble, nous, jeunes auteurs et metteurs en scène, et eux, acteurs accomplis ayant traversé une génération d’histoire du théâtre, nous reprenons les paroles du maître pour chercher à faire entendre aux spectateurs – qui seront pris à parti comme de nouveaux apprentis comédiens, comme dans une salle de cours – ce qui traverse le temps dans cette quête in$nie du personnage, et d’un métier, d’une vocation, celle d’être acteur.

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Photo de répétition © Christophe Raynaud de Lage

08 March 2022

On ne sera jamais Alceste

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HORS LES MURS

JANVIER - JUILLET 2026

La Salle Richelieu fermant pour des travaux le 15 janvier (rénovation de la scène et mise aux normes du bâtiment), la Troupe se produira dès le 14 janvier dans 11 lieux à Paris et à Nanterre.

Outre ses deux salles permanentes, le Théâtre du Vieux-Colombier et le Studio-Théâtre, elle aura pour point fixe le Théâtre de la Porte Saint-Martin et le Petit Saint-Martin et sera présente dans des lieux partenaires : le Théâtre du Rond-Point, l’Odéon Théâtre de l’Europe, le Théâtre Montparnasse, le Théâtre Nanterre-Amandiers, le 13e art, La Villette-Grande Halle et le Théâtre du Châtelet.

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